On s’arrête et on réfléchit. L’an 01 des sciences sociales avec Gébé
En 1970, Gébé publiait L’An 1, utopie dessinée qui rêvait d’un nouveau départ après la mise à l’arrêt du monde. En 2020, une pandémie met le monde à genoux et génère à son tour utopies et dystopies. À 50 ans d’intervalle, comment ces temps d’arrêt, rêvés ou imposés, s’éclairent-ils mutuellement ?
À la lumière des textes de sciences publiés « à chaud » pendant le confinement (Bruno Latour, Giorgio Agamben, Joan Scott, Lorraine Daston, Jérome Baschet…), trois historiens (le collectif Anachroniques) procéderont à la relecture de la BD de Gébé en quête des consonances, dissonances et de perspectives qui naissent de cette rencontre anachronique.
En faisant dialoguer ces deux scènes, séparées par plus de 50 années, il s’agit de questionner la capacité de l’art et des sciences sociales à alerter des risques de destruction du monde, des périls totalitaires mais aussi à proposer des projets politiques de refondation. Il s’agira ce faisant de réfléchir aux « régimes d’historicité » singuliers qui caractérisent ces moments de l’histoire que sont les « temps d’arrêts » : comment se réarticulent passé, présent et avenir, utopies « progressistes » et réactionnaires, à deux époques très contrastées de l’histoire humaine : les années 1970 et les années 2020 ? Pourquoi est-ce que la période du confinement a surtout été marquée par des projections angoissées vers l’avenir et bien peu par l’anticipation de beaux lendemains ? Qu’est-ce que fait, enfin, au présent, le fait d’être écrasé par un futur qui n’en finit pas d’être déjà là ?