Et… de revoir la couleur des coquelicots

Le confinement n’a pas empêché les quinze danseuses et danseurs de Danse’AMU de danser et de créer, en visio, en vidéo, par téléphone. Dans un temps qui s’étire, prend une autre dimension, Et… de revoir la couleur des coquelicots a pris forme, à la fois court-métrage et création chorégraphique.

Le travail de recherche a eu lieu pendant le confinement sur des thématiques profondément liées au corps. Il est question du corps contraint, du corps de l’autre absent, du flux, d’être ensemble mais séparés… Comme « avant », deux fois par semaine, les danseur.se.s travaillent. De vidéo en message, comme une balle de ping-pong, des allers-retours fusent. Travailler, échanger, chercher… Chaque nouvelle thématique titille la curiosité des danseurs et permet à Véronique Asencio de définir et redéfinir le fond, la forme… la forme et le fond.

Ce projet est né car ce n’était pas un projet… il a grandi, nourri d’une quinzaine de « je »…
Des gens…
Du jeu de la vie…
De la force de l’envie.

« Au départ, la sidération !
Et très vite l’envie d’inventer…
On ne peut pas faire ce qui était prévu…
Profitons de l’imprévu…
Et une seule idée me hante : « HORS DE QUESTION D’ARRÊTER »… être en mouvement…
Autour de moi TOUT s’arrête, dans le monde de la danse…des débats… la norme…
Là pour moi pas de débat, il y a une réalité, un contexte, des contraintes fortes… de tout cela doit naître la poésie… notre poésie de l’instant.
Alors oui des manques : le corps absent, partenaire, plus de contact, l’espace réduit… plus d’horizon… nos fondamentaux malmenés.
Mais nous sommes dans le vivant de cet instant et ce lien je vais le garder, je vais l’alimenter et il va en découler de chacun de soi, la créativité qu’il ne soupçonnait pas…
À ma quinzaine de danseurs je dis: « Je ne vous lâcherai pas… » parce que je ne me lâcherai pas ! » (Véronique Asencio)

Et… de revoir la couleur des coquelicots est aussi un court-métrage expérimental réalisé et monté par Denis Alcaniz à partir d’images tournées pendant le confinement par les danseurs de la compagnie universitaire à la demande de leur chorégraphe. Il interroge le rapport au corps et à l’enfermement, faisant de l’altérité le dénominateur commun des deux réalisations, le film et la création. Un questionnement qui trouve écho dans les interviews des danseurs par Clarisse Vollon, psychologue clinicienne. Le spectateur se fait voyeur/acteur de cet objet pluridisciplinaire mêlant danse, art vidéo, art sonore, littéraire qui navigue dans les sciences sociales.