Firmin Kra
Doctorant en anthropologie à l’Université Alassane-Ouattara (UAO), les centres d’intérêt scientifique de Firmin Kra comprennent notamment l’anthropologie des épidémies, des rites funéraires, de la prévention et de la riposte aux épidémies, du risque et du marketing social en santé. Il coordonne l’axe anthropologie d’une jeune équipe associée à l’IRD (JEAI) dans le programme Rituels funéraires et épidémies en Côte d’Ivoire (RiF&piC). Il coordonne également l’axe rites funéraires et Covid-19 du programme CoMeSCov (ANR).
Dès 2014, il assure différentes responsabilités à la chaire Unesco de bioéthique (CUB) d’UAO : gestionnaire du fonds documentaire, chargé d’initiation aux méthodes de recherche pour les nouveaux étudiants impliqués dans des programmes de recherche en sociologie et en anthropologie. Ce rattachement institutionnel a commencé en 2014 avec son mémoire de master réalisé pendant l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Il s’inscrivait dans le programme Ebola et la Côte d’Ivoire, lui-même inscrit dans le programme anthropologie comparée d’Ebola. Ce travail a permis d’analyser le vécu social des mesures d’évitement de la manipulation des cadavres préconisées par les autorités sanitaires. En 2016, la CUB met en place la JEAI Rites funéraires et épidémies en Côte d’Ivoire dont il coordonne l’axe anthropologie. En décembre 2018, les coordonnateurs du Réseau ouest-africain anthropologie des épidémies émergentes (RAEE) lui confient la responsabilité de la communication et de l’entretien du site internet. Depuis 2016, il a participé à l’organisation de journées scientifiques et produit plusieurs communications pour des colloques internationaux. En 2019, il participe à l’élaboration du manuel de formation du projet SoNarGlobal et il est membre du comité scientifique de la 6e journée scientifique du RAEE. Cette responsabilité fait suite à l’obtention d’une bourse ARTS et à son intégration au pôle environnement et santé du LPED. Inscrit dans une logique d’anthropologie appliquée et impliquée, il contribue à la publication de plusieurs notes stratégiques.
Écouter la vignette ethnographique de Firmin Kra dans le cadre du programme CoMeSCov : Travail ethnographique à l’Hôpital européen de Marseille, mars 2020 : témoignage d’un membre de l’équipe mobile Covid. Firmin Kra, 3’13.
Mon expérience du confinement
« Pour un étudiant étranger venant d’arriver en France, être confiné dans un cadre familial m’est apparu très important. Sans accueil familial, comment la rédaction de la thèse aurait-elle été possible dans ce contexte d’enfermement sans possibilité de cuisiner alors que les restaurants étaient fermés ?
Arrivé à Marseille le 7 mars, j’ai été logé par mon codirecteur de thèse en attendant de remplir les formalités administratives pour aménager en cité universitaire. J’obtiens les clés de la chambre le 13 mars. Le soir, le président de la République française annonçait le confinement. Je fus ainsi confiné chez mon codirecteur de thèse. J’ai dû payer un mois de loyer sans avoir emménagé dans la chambre. Vivre le confinement en famille m’est apparu très important, surtout pour un étudiant étranger venant d’arriver en France et qui n’avait pas pu encore réunir le nécessaire pour son emménagement. Comment cuisiner ? Comment la rédaction de la thèse serait-elle possible dans ce contexte d’enfermement sans possibilité de cuisiner alors que les restaurants étaient fermés ? En famille, se nourrir n’était pas une préoccupation. Le programme Comescov m’amenait à aller tous les jours travailler à l’Hôpital européen de Marseille avec les équipes soignantes et le personnel de la morgue sur la question de l’accompagnement des fins de vie et des décès, dans ce contexte épidémique interdisant les rituels et les soins funéraires. Mon inquiétude était l’éventualité de ramener le virus dans ma famille d’accueil. Pour se distraire, la famille avait mis en place un programme de cinéma familial ou des jeux de société. Les samedis, le dîner était parfois pris devant la télévision. Les enfants de ma famille d’accueil proposaient des films que nous tirions au sort. »