Pierre-Alain Filippi

Pierre-Alain Filippi est chercheur associé au sein du laboratoire Apprentissage, didactique, évaluation, formation (Adef) d’Aix-Marseille Université. Sa thèse, soutenue en mars 2020, porte sur les effets développementaux provoqués par une intervention ergonomique auprès de formateurs d’enseignants qui doivent faire face à des réformes compliquant leur activité professionnelle. Il mobilise pour cela une méthodologie d’intervention-recherche, soutenue par un cadre théorique en ergonomie de l’activité et selon une approche clinique.

Ce travail de recherche a une triple visée : transformative, pour contribuer à mieux comprendre comment se réorganise l’activité de professionnels expérimentés dans un contexte de transformations prescrites ; épistémique, pour comprendre les processus développementaux à l’œuvre dans la reprise individuelle et collective d’un pouvoir d’agir ; formatrice, en vue de contribuer à la formation de formateurs d’enseignants.

Actuellement, ses travaux de recherche portent toujours sur l’analyse de l’activité des enseignants. D’abord au sein du projet OUF, pour comprendre l’activité des enseignants et des élèves en contexte de confinement. Il travaille également au sein d’un collectif pluridisciplinaire de chercheurs sur la mise en œuvre de dispositifs de travail en établissements, comme le dispositif « devoirs faits ». Son approche reste développementale et ancrée dans une perspective historico-culturelle.

 

Mon expérience du confinement

« Le début de ce confinement reste pour moi un moment inoubliable. J’ai en effet soutenu ma thèse la veille (!) de la fermeture de l’université. Il correspond donc paradoxalement à un grand souvenir professionnel. Mais il est aussi immédiatement associé à une grande déception puisque j’aurais dû, dans le prolongement de ma soutenance, aller travailler au Québec pendant quelques mois en collaboration avec des chercheurs de l’université de Sherbrooke.

Sur ces plans, je dois dire que la mise « à l’arrêt » du monde a immédiatement pris du sens pour moi. Mais cette interruption de la vie ordinaire n’a pas signifié une interruption de l’activité professionnelle parce qu’une fois la sidération passée, il a fallu, dans un mouvement invisible de tous, se mettre à enseigner totalement à distance pour ne pas abandonner les étudiants dont nous avions la responsabilité. La vie familiale a elle aussi été impactée avec une fille en terminale et une autre en seconde, une compagne enseignante, toutes engagées dans du travail scolaire à la maison. C’est ainsi que nous avons avec mes collègues chercheures évoqué l’idée d’enquêter sur « comment » enseignants et élèves s’y prenaient pour faire face à ce confinement soudain. S’est alors, quelques jours seulement après la soutenance de la thèse, un nouveau projet de recherche tout à fait passionnant. Un projet de OUF ! »