Sébastien Cacioppo
Sébastien Cacioppo est docteur en droit privé et enseignant au sein du département carrières juridiques de l’IUT de l’Université de Rouen-Normandie. Il est également chercheur associé du Laboratoire interdisciplinaire de droit des médias et des mutations sociales (LID2MS, EA n° 4328) de l’Université d’Aix-Marseille. Il traite enfin de l’actualité jurisprudentielle en droits fondamentaux et en droit de la nationalité et de la condition des étrangers, chaque mois, pour la revue juridique Personnes & Famille.
Mon expérience du confinement
« À l’annonce du confinement, j’ai immédiatement saisi l’impact d’une telle mesure sur mon travail de recherche. La fermeture des universités et des bibliothèques allait fortement ralentir mes projets en cours. Il me revenait donc de réorganiser ma méthode de travail pour limiter les pertes de temps.
La sociologue Nathalie Heinich a coutume de dire que « la matière première du chercheur, c’est le temps ». Et c’est précisément ce temps-là, si précieux, que j’ai eu peur de perdre à l’annonce du confinement. Fermeture des bibliothèques universitaires, fermeture de la Bibliothèque nationale de France : voilà des mesures qui – je le craignais – allaient fortement me pénaliser dans l’avancement de mes travaux de recherche. En effet, malgré le développement des ressources en ligne, certains ouvrages ou revues ne sont pas numérisés et nécessitent donc de se déplacer dans ces établissements aux fins de consultation sur support papier. Étant soudainement dans l’impossibilité d’accéder à toute une série de documents que j’avais prévu de consulter, comment allais-je progresser dans mes recherches ? Or rapidement, le stress et la panique s’effacèrent pour laisser place au pragmatisme : il me fallait, pour éviter toute perte de temps, réorganiser mes plans de travail. J’allais ainsi tenter de réaliser en amont ce que j’avais prévu d’effectuer en aval de la consultation de ces documents désormais inaccessibles. Et, m’étais-je dit, j’attendrai le moment où je pourrai de nouveau pénétrer dans une bibliothèque pour envisager une conciliation de « ce qui devait être fait plus tard et qui est déjà fait » avec « ce qui devait être fait avant et qui ne l’a pas encore été ». Cette méthode de recherche bouleversée, chamboulée, fut loin d’être idéale mais, à défaut de ne pouvoir faire autrement, elle m’a permis d’avancer dans mon travail en dépit des circonstances. À situations exceptionnelles, moyens exceptionnels – me rassurais-je. »