Sylvette Denèfle

Professeure émérite de sociologie, membre associée du laboratoire Telemme, présidente de l’association « Cultures en tous genres », Sylvette Denèfle analyse les évolutions sociales dans le champ de la sociologie urbaine (questions urbanistiques, architecturales, environnementales), des idéologies (politiques, militantes, religieuses) et des rapports sociaux de sexe. Ses travaux récents portent sur les formes alternatives de la propriété, sur la participation citoyenne et sur les résistances conservatrices à l’égalité des genres.

Site personnel : www.sylvette-denefle.com.

Mon expérience du confinement

« Ce qui m’a stupéfiée en 2020, c’est la facilité avec laquelle on a stoppé l’économie-monde. Que ce soit une pandémie inconnue qui permette de sortir de l’incertitude d’une « post-modernité » indécise n’était pas prévisible mais la vie sociale s’est fracturée en un monde d’avant et un monde d’après que j’ai essayé de saisir dans quelques billets de blog. »

 « En fait, la Covid-19 n’est véritablement entrée dans ma vie que jeudi dernier 12 mars. Avant, c’était une information plutôt lointaine qui ne faisait pas partie de mes préoccupations personnelles et dont j’analysais avec détachement la diffusion, essentiellement médiatique… […]

Lundi 16 mars, le deuxième propos présidentiel est plus dramatique. Nous sommes en guerre. Le confinement n’est pas nommé mais il est sous-jacent. L’annulation du second tour des élections n’est pas actée mais elle est implicitement renvoyée à la décision gouvernementale du lendemain. La dramatisation est toute entière axée sur la crise sanitaire et ses conséquences sociales, économiques, nationales. Jeudi 12, Emmanuel Macron laissait filtrer un changement dans son libéralisme fermement défendu jusque-là. Lundi 16, le propos était quasi humaniste et philosophique et l’appel à l’union sacrée des Français résonnait comme l’écho des souffrances historiques… […]

Bref, pour en revenir à mon petit quotidien personnel, je me suis dit qu’il me restait jusqu’à mardi midi pour régler tout ce que je pourrais avant le confinement. Je n’ai à aucun moment pensé que je serai malade, que la morbidité était extrême, que la question médicale allait dès le lendemain nous occuper entièrement… […]

Toute la journée, j’ai ressenti le caractère étrange, inédit des événements mais pas vraiment leur caractère violent et mortel. Durant ces quelques jours, et depuis le début de la contamination en Chine, j’ai bien sûr réfléchi à ce que pouvaient signifier ces événements mais je ne les ai pas ressentis comme quelque chose qui pouvait vraiment changer ma vie. D’ailleurs, rien n’avait encore changé dans ma vie… […]

Mais ça n’a pas duré… ! »

La suite de ces réflexions a été publiée dans l’agora du journal Marsactu sous le pseudonyme de Sylvabelle. On le trouvera également sur le site www.sylvette-denefle.com.