Véronique Asencio

Véronique Asencio est danseuse, pédagogue et chorégraphe.

Après des études au conservatoire de Tours (médaille d’or à l’unanimité, prix de la ville de Tours), elle entame sa carrière professionnelle dans différents théâtre et opéras où elle aborde le répertoire classique. Attirée par la création contemporaine et le croisement des disciplines (arts martiaux, théâtre, chant…), elle danse dans les compagnies de Corinne Lanselle, Anne-Marie Porras et Bruno Agati. Puis, elle crée pour sa compagnie différentes pièces dont certaines avec des circassiens (Mezzanine…). Très sensible aux différents territoires sur lesquels elle séjourne et friande de rencontres, elle crée L’Ensemble Archipel, musique et danse improvisées avec lequel elle voyage dans l’océan Indien. C’est également à la Réunion qu’elle crée sa compagnie d’enfants, Cie EDVA. Formatrice et titulaire du DE et du CA, au long de son parcours elle intervient dans différentes formations (Epsedanse, CESMD, CND, et autres associations ou conservatoires) et également en qualité de jury (EAT, DE, PEA…).

Aujourd’hui, intervenante pour différentes compagnie, elle enseigne également au Grenier du corps à Marseille, intervient au CFMI Aix-en-Provence et, en partenariat avec le ballet Preljocaj, elle dirige la compagnie de danse universitaire d’Aix-Marseille Université.

Mon expérience du confinement

« Aujourd’hui, je ne peux toujours pas m’expliquer cet élan vital qui m’a portée lors de cette expérience du confinement. Si ce n’est cette phrase d’une amie, il y a fort longtemps : « Toi, tu peux faire danser une table », ou ce burn-out traversé quelques années auparavant, ou encore le fait que j’aime tellement mes danseurs que l’idée de pause ne m’a pas effleurée.

Un parent entre la vie et la mort, un monde arrêté et un espace tellement vierge, tellement vaste à explorer… Enfermée dans quelques mètres carrés et pourtant la sensation que tout est possible : imaginer, inventer, créer… La chance inouïe d’avoir à mes côtés, même par écrans interposés, des camarades de jeu qui rebondissent à toutes mes idées, qui puisent eux-mêmes dans leur force pour qu’ensemble on crochète ce petit ouvrage tellement artisanal, tellement précieux… Au fur et à mesure, les bouts de laine et la dentelle de différentes façons, de différentes couleurs se sont mêlées pour en faire un tapis volant. Il fallut s’armer d’une fine lame pour passer le fil dans son chas afin d’ourler, broder et raccommoder les morceaux du patchwork. Me restait à proposer au génie de la lampe de nous faire voler grâce à mes vœux et sa magie.

Ce petit bourgeon qui venait d’éclore dans le jardin de mes parents au moment où le cœur d’un de ceux-ci finissait presque de battre, m’a permis de donner un nom à ce canevas…

« Et… de revoir la couleur des coquelicots »

Nous nous sommes tenus par les mains qui ne pouvaient se toucher et nos mouvements étaient si forts que la magie a opéré. D’un temps presque trop court nous avons profité de chaque instant, chaque doute chaque apaisement pour écrire d’un fil fragile une histoire si rare, qu’aujourd’hui je ne peux toujours pas m’expliquer cet élan vital… »