Quelles stratégies de lutte préférez-vous?
Dans ce projet, les chercheurs* s’efforcent de quantifier le degré de résistance ou d’acceptabilité d’une population face aux diverses stratégies de lutte contre l’épidémie de Covid-19.
Autour du monde, diverses mesures sont mises en œuvre à l’échelle des pays pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 : confinement total, restrictions de déplacement, fermeture des frontières, des bars, des restaurants, des salles de spectacles, limitations dans le système de transport en commun. Ces restrictions ont leur propre efficacité dans la maîtrise de la propagation du virus. Mais comment sont-elles acceptées par la population ?
Comment les gens classent-ils entre elles les différentes mesures de lutte contre la propagation du virus ? Comment arbitreraient-ils eux-mêmes entre ces mesures ? Après des mois de débat autour de la « meilleure » stratégie nationale anti-Covid, prendre en compte les préférences de la population semble indispensable. En particulier lorsque ces politiques de lutte s’articulent autour de comportements préventifs collectifs qui seront d’autant mieux adoptés qu’ils sont véritablement acceptés par tous.
L’étude menée par les chercheurs analyse l’acceptabilité par la population française des différentes stratégies de lutte qui leur sont proposées : préfèrent-ils l’option avec des restrictions sur les déplacements à une autre option de politique publique qui comporte la fermeture des bars et restaurants ? Adhèrent-ils à l’obligation du port du masque ? On peut aussi calculer une probabilité d’acceptation (« d’élection ») pour un menu complet de lutte contre le COVID, combinant ces différentes mesures. L’enquête a été menée par les chercheurs en mai 2020 auprès de 1154 personnes représentatives de la population française afin de mesurer le degré d’acceptabilité des restrictions suivantes :
- Obligation du port du masque ;
- Restrictions sur les voyages touristiques (périmètre de 100 km autour du domicile) ;
- Restrictions dans les transports publics ;
- Fermeture des bars et des restaurants ;
- Suivi digital (comme l’application Stop Covid).
Ces différentes mesures prophylactiques (c’est-à-dire qui luttent contre la propagation du virus) peuvent être évaluées au regard d’une alternative majeure : celle d’un reconfinement total pour plusieurs semaines. Ces analyses d’acceptabilité peuvent être déclinées pour des populations définies : les jeunes, les personnes vulnérables, etc.
L’étude a montré notamment que les masques, les limitations de transport et le suivi numérique sont bien acceptés, alors que la fermeture des bars et des restaurants ne l’est pas du tout ; d’autre part, les préférences de politiques anti-Covid des populations jeunes et leur demande de compensation monétaire diffèrent assez fortement de celles des autres classes d’âge.
* Les chercheurs : Thierry Blayac, Dimitri Dubois, Sebastien Duchêne, Phu Nguyen Van, Bruno Ventelou et Marc Willinger du Centre d’économie de l’environnement de Montpellier, du laboratoire BETA de Strasbourg et d’Aix-Marseille School of Economics.