Regards de la démographie sur la production d’indicateurs et leur usage

En revenant à la définition, à la construction des indicateurs de suivi de l’épidémie en France et à la source des données utilisées, cette étude souligne la difficulté d’interpréter les indicateurs, nuance leur portée et pointe beaucoup de mésinterprétations ou de lectures trop rapides des chiffres. Les chercheuses démographes du LPED portent un regard distancié sur les chiffres de l’épidémie en quatre questions clés.

Les indicateurs de l’épidémie étudiés par les chercheuses du LPED sont le nombre et la proportion de tests positifs, le nombre de nouveaux cas et l’incidence de la Covid-19. Ils sont utilisés pour mettre en place ou appuyer les mesures sanitaires ou les remettre en question. Ces chiffres sont aussi diffusés et analysés fréquemment par les médias.

Or, tous les utilisateurs n’ont pas les clés d’interprétation nécessaires pour comprendre dans leur complexité ces chiffres dont médias et pouvoirs publics se nourrissent.

Du côté des médias, si de bonnes analyses existent depuis le début de l’épidémie, d’autres en revanche manquent cruellement de recul et de rigueur par rapport aux chiffres, prenant les statistiques publiées et leurs tendances au pied de la lettre, sans questionner la qualité de ces données et sans mettre les résultats des analyses en perspective.

Du côté du pouvoir public, ce sont ces mêmes résultats et leurs hypothétiques projections dans le futur qui servent de justification à la mise en place de mesures dont les effets – prévus et imprévus – peuvent affecter fortement les populations.

Une fois de plus, dans un monde gouverné par les chiffres, il est de la responsabilité de chacun, en particulier des décideurs politiques, de bien comprendre comment ils sont produits et ce qu’ils signifient.